Notre rencontre avec Cyril de Stubora au Hellfest 2022

- Catégories : Default

L'équipe de Distrolution / Distrolution Merch a eu la chance de participer au Hellfest Festival du 19 au 26 juin 2022. Au programme, concerts, rencontres... et plusieurs interviews, que vous pourrez retrouver chaque semaine en version FR sur Distrolution Merch et en version EN sur Distrolution ! Découvrez sans plus attendre notre interview avec Cyril, chanteur et guitariste du groupe français Stubora !

Salut Cyril ! Pour commencer cette interview, je te laisse te présenter et nous présenter ton groupe !

Cyril : Je suis Cyril, je suis guitariste et chanteur pour StuborA. Dans le groupe, on est 3. On a aussi Mick à la basse, qui fait aussi du chant, et on a Niala, qui est à la batterie. On existe depuis 1996, donc ce qui fait une longue histoire. Mais comme certains groupes, je dirai que l’histoire a été parsemée d’embuches, parfois de grosses embuches, puisqu’on a même dû, à un moment donné, s’arrêter deux ans, puisque le précédent batteur avait eu un gros accident de moto. On avait mis tout en standby etc. Et puis finalement, le retour ne s’est pas fait comme prévu, donc… C’est pour ça que notre histoire a été vraiment coupée en pleins de morceaux. On a vraiment redémarré en 2015 avec un album, le nouveau batteur, donc on a remis tout en place. Même si on existe depuis tant d’années, c’est vraiment depuis 2015 qu’on commence à reprendre une activité normale quoi !

On se retrouve au festival du Hellfest. Ça fait quoi d’être dans un festival si mythique ?

Cyril : C’est toujours extrêmement plaisant. La première chose, c’est que c’est extrêmement plaisant. C’est bien aussi un peu pour son égo, tu vois ! Faire une interview au Hellfest, c’est toujours super sympa ! Et c’est toujours particulier, parce que déjà, tu vois pleins d’amis, pleins de gens que tu vois pas forcément, à part quand tu fais des concerts, rapidement etc. Là, parfois, t’as plus de temps, donc tu rencontres aussi des gens qui sont pas forcément au même endroit et tu les vois en même temps, au même endroit ! Donc là, c’est vachement sympa. Et puis après, il y a tellement de groupes, tellement de choses à voir. Le site est incroyable ! Il y a de super concerts ! 

Bon en plus cette année, on vit un peu je dirai une édition qui est déjà particulière parce qu’elle est sur deux semaines. Aussi particulière parce que la première semaine, t’es sous un cagnard incroyable, on a crevé, et là, on se tape la flotte, c’est des inondations… C’est « Bagdad » ! Donc c’est incroyable, c’est vachement bien. On a la chance d’avoir, je pense, le plus gros festival maintenant, surtout cette année. C’est un peu le paradoxe je trouve. En France, on a le plus gros festival metal, alors que le metal, dans les médias, à part le tiens et les médias… On va dire sans les médias classiques, ça n’existe pas ! Les médias traditionnels, ils n’en parlent pas. Peut-être que maintenant, on parle un peu du Hellfest, mais c’est vrai que c’est le paradoxe, je trouve !

J’ai cru comprendre que tu avais fait les deux week-ends. Est-ce qu’il y a des groupes que tu ne voulais absolument pas rater en découvrant la programmation complète ?

Cyril : Ouais, alors moi, il y a beaucoup de groupes de la Warzone. Parce qu’en fait, je viens de la scène hardcore. Donc tous les groupes de la Warzone : on a eu Agnostic Front, là, on va avoir Terror. Qu’est-ce qu’il y avait d’autre ? J’ai même oublié tellement il y en avait ! Mais la Warzone, ouais. J’ai trouvé qu’il y avait, la première semaine, une super programmation ! Là, hier, il y avait Kreator qui était vraiment bien. Bon après, ça s’est dégradé parce qu’avec la pluie, c’était un peu moins pratique. Mais ouais, la première semaine, j’ai trouvé qu’il y avait une super programmation au niveau hardcore. Là, un peu moins la deuxième semaine. Et après en groupes que je n’aimerais pas manquer, il y a forcément Metallica qui clôture, c’est toujours bien de voir Metallica en concert. Surtout qu’en plus, c’est un événement, parce que c’est la première fois qu’ils l’ont, c’est un peu le seul groupe qu’ils n’avaient pas eu jusque-là. Il y a tellement de groupes. J’ai vu des groupes que j’avais pas vu depuis des années. Godflesh, hier, que j’ai été voir. Ils arrivent vraiment à avoir des légendes !

D'ailleurs, où sont les autres membres de ton groupe ? Ils n'ont pas pu venir ?

Cyril : Alors Mick était là la première semaine. Niala ne pouvait pas venir parce qu’il avait d’autres obligations ! Mais Mick était là la première semaine. En fait, Mick est aussi un gros fan de musique, donc il avait des tickets de concert pour aller voir Metallica en Allemagne, il a pleins de trucs comme ça ! Il adore aller voir des concerts. Parce que comme on vient de l’Est, bah on a le Luxembourg, l’Allemagne, et il avait pleins de trucs à aller voir. Du coup, il est parti voir des concerts !

Tu m’en parlais tout à l’heure. Votre groupe a été créé en 1996. Malgré votre pause, d’après toi, quelle est la recette magique pour avoir une telle longévité ?

Cyril : Je pense que c’est juste une question de passion, en fait. C’est ce qu’on remarque… Quand on est jeunes, il y a souvent pleins de groupes. Ce qui est le plus dur, c’est la durée. Surtout quand t’as pas le soutien d’un label et tout ça. C’est ce qui est le plus dur, parce qu’après, la vie passe, il y a pleins d’autres obligations et c’est ce qui est délicat. Mais ce qui fait qu’on « résiste », c’est la passion. On a une passion pour la musique qui est la même depuis qu’on est jeunes et on l’a toujours gardée. C’est ce qui nous motive, en fait. Faire les concerts… Là, on a pu les reprendre. On a démarré les concerts… Que je te dise pas de bêtises... Je crois que c’était en mars, avril… Je ne sais plus ! Il y a eu une nouvelle période d’annulation donc je savais qu’on en avait en janvier, mais ça a été à nouveau annulé, donc je sais plus trop. Mais on a enfin pu reprendre officiellement les concerts sans être vraiment embêtés, donc c’est pour ça qu’on le fait. Donc ouais, c’est la passion !

D’ailleurs, comment est-ce qu’on concilie vie professionnelle, personnelle et la gestion d’un groupe ? Pas trop compliqué ?

Cyril : On a en fait un super agenda commun, où on met tout ce qu’on a à faire et toutes nos obligations pour s’assurer de prévoir tout à l’avance. Après, ce qu’il y a, c’est que… Comme ça fait longtemps qu’on travaille, Mick, je le connais depuis que j’suis au lycée, donc on est vraiment très proches, donc ça facilite aussi les relations. On a pu, comme ça, développer une méthode de travail. On travaille beaucoup à distance, on échange beaucoup. Maintenant, il y a tout ce qu’il faut pour pouvoir échanger. On a chacun notre home studio, donc on se réunis vraiment que quand on a besoin de fixer des choses, et puis on le fixe dans l’agenda. Et pour les concerts, je t’ai dit, on a un agenda commun, donc on sait direct quelles sont nos dates libres et on essaye d’anticiper et puis ça roule quoi. Et tu sais, quand t’as la passion… tu trouves toujours le temps.

Je rebondis sur ta réponse. Vous avez chacun votre home studio. Je suppose que c’était bien pratique pendant le confinement. 

Cyril : Ouais ! Bah en fait, ça fait des années qu’on s’est lancés… Au départ, moi je voulais mon studio parce que je voulais avoir le temps de faire les choses bien. Parce qu’on avait tous vécu des expériences en studio où à chaque fois tu termines, même quand tu vas dans un super studio, en disant « Il me manque quelques jours… Il faudrait quelques jours » et puis le studio est pas libre, tu peux pas rajouter etc., ou alors t’as pas le budget. C’est toujours compliqué ! Donc ça fait une dizaine d’années qu’on a commencé comme ça à travailler. Moi, j’ai appris. Et petit à petit, on a développé, chacun, notre capacité à travailler seul. Et on peut s’enregistrer seuls, du coup. C’est moi qui réintègre, qui fait le mix, master etc. Mais du coup, avec tous les confinements, la période Covid, bah en fait on a été vachement plus libres que les autres, parce qu’on n’avait rien besoin de booker. 

Malheureusement, le premier truc c’est qu’on avait sorti un nouvel album en 2019, en novembre 2019. Donc on devait commencer les concerts en mars 2020, voilà... Tout a été arrêté ! On s’est dit : « Voilà, on n’a rien à faire », c’est pour ça qu’on a fait un EP. On a fait un EP en étant en confinement parce qu’on était capables d’échanger, de travailler à distance, on faisait de la visio pour se parler des morceaux, essayer des trucs ensemble. Et on a bénéficié en fait de la facilité de la technologie pour être capables de pouvoir faire un EP. Parce qu’on l’aurait pas fait sans.

Tu parles de votre EP « Aprem au Garage » ?

Cyril : Ouais !

C’était aussi un moyen pour vous de garder un lien avec vos fans !

Cyril : On a fait deux EPs, parce qu’on a fait « Vision Obscure » qu’on a fait pendant le confinement, et après on s’est dit… C’était pour Noël. On s’est dit : « Les gens, ils n’ont pas de concerts, ni rien ». On a fait l’EP de reprises qu’on avait commencé à faire. Donc c’est pareil, comme on est autonomes. Surtout que l’EP « Garage », on l’a distribué juste en digital. Comme ce sont des reprises, on l’a mis en download, on l’a laissé pendant la période de fin d’année en libre accès. Tous ceux qui voulaient le télécharger l’ont téléchargé, et après, ça a disparu.

Sur cet EP, si je ne me trompe pas, il y a des reprises en anglais. Alors qu’habituellement, vous proposez des titres en Français. C’était un challenge pour vous ?

Cyril : Non, parce que… Bah, challenge oui, ça l’est toujours ! Au départ du groupe, on était en anglais. Puisque la première partie de l’histoire du groupe, on est quand même plus hardcore, on chante en anglais. En fait, quand Mick a rejoint le groupe, lui, il est arrivé avec un chant beaucoup plus mélodique. On a changé de style parce qu’on voulait faire d’autres choses à ce moment-là. C’est aussi pour ça qu’il y a vraiment des étapes différentes dans le groupe. Et on trouvait qu’on n’était pas assez parfaits sur notre anglais pour le faire, parce que l’accent, surtout quand c’est mélodique, bah tu l’entends s’il n’est pas parfait. Et on s’est dit : « Pourquoi ne pas chanter en français ? On est français, on chante en français, il y a pleins de groupes qui le font, ça marcherait bien ». 

Même si notre style est peut-être un peu plus éloigné de ce qui se fait habituellement avec un chant en français, mais on s’est dit : « Allons-y » ! En fait, on s’est trouvés bien, parce qu’on arrive à faire des textes qui sont peut-être plus profonds, plus détaillés que quand on le faisait en anglais, parce qu’on a peut-être moins de vocabulaire en anglais. Mais là, du coup, assez naturellement, on est revenus à un chant en anglais, ce qu’on faisait avant et ce qu’on avait déjà fait. Et on ne s’interdit pas en fait un jour de reprendre des titres avec des bouts d’anglais ou autres. En fait, on ne se met pas de contraintes !

Tu as anticipé ma prochaine question : peut-on imaginer, dans le futur, de nouvelles chansons en anglais ?

Cyril : Ouais, alors je dirai peut-être pas une chanson. À la limite, peut-être ! Mais je ne pense pas. Je ne pense pas qu’on fasse une chanson en anglais. S’il y avait un refrain en anglais, ouais, pourquoi pas. En fait, tout dépend du titre, tout dépend de ce qu’on fait passer et quel est le message dans le truc quoi !

Est-ce que ce serait possible de me détailler votre processus de composition et les rôles de chacun ? Est-ce que vous avez chacun un rôle prédéfini, ou est-ce un vrai travail d’équipe ?

Cyril : Alors, c’est les deux ! Mick et moi, on écrit les morceaux, on compose les morceaux et on écrit les textes. Généralement, on fait un premier échange, jusqu’à arriver à quelque chose qui nous parait abouti musicalement et sur les mélodies de chant. À ce moment-là, on fait entrer Niala qui va rechallenger tout ce qui est rythmique dans les morceaux. Déjà, il joue de plusieurs instruments, Niala. Il fait guitare, basse, il fait de la batterie. Il a cette capacité à prendre du recul sur le groove, les rythmiques, donc il va nous proposer, changer des éléments. Et à partir de ce moment-là, on fige le morceau et c’est là qu’on écrit les textes. Donc des fois, t’as des morceaux qui vont être 100% Mick ou 100% moi, et des fois, on mélange. Des fois, c’est Mick qui va avoir une meilleure idée de ligne de chant sur un de mes morceaux, ça peut varier !

Nous, c’est la mélodie qui passe en premier. On a toujours été à la recherche des mélodies et de l’ensemble, en fait. Que la mélodie de chant colle parfaitement. Donc on est d’abord sur la mélodie, et on se force après à écrire le texte qui colle à la mélodie.

Sur votre EP « Vision Obscure », est-ce qu’il y a un morceau qui te parle plus personnellement qu’un autre ?

Cyril : Alors personnellement, j’en sais rien. Je pense qu’Atta, il est un peu particulier parce que ça parle d’une histoire qui vient de notre région, qui est de la Lorraine. Puisque c’est l’arrivée d’Attila en Lorraine. C’est un morceau, quand j’avais vu l’histoire… Je trouvais que c’était assez fort par rapport à notre région. Il était passé par Metz, puisqu’on est de la Lorraine. Et j’avais voulu le mettre dedans. Donc ça, c’est l’un des morceaux que je trouvais fort. Qui est aussi fort parce qu’il revient un peu à nos racines avec le thrash. Il est un peu plus thrash que les autres. Parce qu’on mélange un peu tous ces styles, que ce soit heavy, thrash, du rock et même parfois un peu de stoner. On a ce mélange, parce que ça représente un peu toutes nos influences. Donc on essaye, comme ça, de mélanger tout. Donc celui-là, il est le morceau peut-être, on va dire un peu différent. C’est lui le plus proche.

Quels sont les futurs projets de Stubora ?

Cyril : On a décidé de démarrer un nouvel album. Donc on est en train de composer les nouveaux titres. On assez lents généralement quand c’est comme ça. Ça va nous prendre quelques mois. Ce qu’on voudrait, c’est arriver à ce qu’on puisse l’enregistrer pour la fin de l’année. On voudrait ce coup-ci démarcher un label, parce qu’on voit que là, on arrive à nos limites en termes d’agenda. On en parlait tout à l’heure. Donc on voudrait de l’aide pour essayer de nous pousser un peu plus loin et continuer à développer le groupe. Donc là, on démarre. On a déjà quelques titres, on a déjà commencé à échanger avec Mick. Il y a des choses qui seront probablement un peu différentes, voire beaucoup différentes. On aime bien rafraîchir, ne pas prendre la même recette à chaque fois qu’on fait de nouveaux titres. On mélange les influences donc ça reste toujours… On ne va pas faire de la pop demain, ni faire de l’indus’ ! Mais ouais, on a déjà quelques trucs qui vont être différents !

C’était ma dernière question, le mot de la fin est pour toi ! Si tu as un message à faire passer à nos lecteurs, c’est le moment !

Cyril : Bah déjà, merci à toi de nous avoir interviewé ! Et qu’ils n’hésitent pas à aller sur les plateformes de streaming pour nous écouter, nous suivre sur Facebook, Instagram. On essaye de publier un maximum de choses pour faire vivre aussi. En fait, on aime bien faire partager ce qu’on vit, donc on essaye de le faire partager sur Instagram, sur Facebook un maximum, surtout quand on part faire des concerts. Quand on a le temps, on partage. Là, on a été dans le Sud, donc pour nous, c’était traverser la France. Donc on aime bien aussi partager pour que les gens voient un peu l’envers du décor. Qu’ils n’hésitent pas à nous suivre et à nous écouter !

Interview de Valentine KLIPFEL pour Distrolution / Distrolution Merch.
Merci à Cyril du groupe Stubora pour son temps.
Merci à Roger WESSIER de Replica Promotion pour l'opportunité, ainsi qu'à l'équipe de la tente presse du Hellfest Festival (Elo, Romain...).

Articles en relation

Partager ce contenu